La médiation théâtre apporte, comme toute médiation, son lot d’avantages et de particularités. Mais il faut déjà se déjouer du verbe théâtral qui serait un substitut au verbe thérapeutique « direct ». Les mots qui seront prononcés dans l’atelier théâtre seront ceux de personnages. Et uniquement si mot il y a ! On peut aussi utiliser le « gromelot », ce langage imaginaire fait d’onomatopées non signifiantes immédiatement, ou même ne pas utiliser de mots dans des exercices qui s’approchent alors d’un théâtre mimé ou d’une expression corporelle. Il ne faut en tout cas pas envisager la médiation théâtre comme celle qui permet d’utiliser le verbe, par rapport à d’autres, comme les arts plastiques par exemple, qui ne l’utiliseraient pas ; ce serait un contre-sens.
L’art-thérapie a la capacité et la volonté de permettre à des patients de s’exprimer par l’intermédiaire de l’art. Utiliser la médiation théâtre en atelier, c’est aussi offrir la possibilité aux patients de s’exprimer par l’intermédiaire d’un autre « soi ».
L’art-thérapie a la capacité et la volonté de permettre à des patients de s’exprimer par l’intermédiaire de l’art. Utiliser la médiation théâtre en atelier, c’est aussi offrir la possibilité aux patients de s’exprimer par l’intermédiaire d’un autre « soi ».
L’art-thérapie a la capacité et la volonté de permettre à des patients de s’exprimer par l’intermédiaire de l’art. Utiliser la médiation théâtre en atelier, c’est aussi offrir la possibilité aux patients de s’exprimer par l’intermédiaire d’un autre « soi ». C’est faire en sorte de libérer une parole bloquée par l’utilisation d’un personnage, de situations de jeu qui donnent de la distance avec soi. On peut, grâce à la médiation théâtre faire arriver une parole différente, et se laisser surprendre par elle.
C’est aussi donner aux patients la possibilité d’expérimenter d’autres figures possibles, d’autres comportements, d’autres attitudes, et lui permettre de construire un soi différent à partir de ses expériences, par l’expression qu’elles auront eue. Il ne s’agit pas de se construire patiemment un nouveau personnage, mais de permettre de libérer une expression en libérant les blocages potentiels issu de la personne actuelle.
Jean-Paul Sartre écrit dans l’Être et le Néant : « Nous ne sommes nous qu’aux yeux des autres, et c’est à partir du regard des autres que nous nous assumons comme nous-mêmes ». C’est ce double enjeu qui a cours dans l’atelier théâtre. Jouer et regarder jouer. Être acteur et spectateur, en alternance. Le phénomène de groupe y est particulièrement présent et travaillé, pour à la fois permettre une multiplicité de situations de jeu, de personnages… mais aussi pour laisser à chacun des temps d’acteur et de spectateur. C’est d’ailleurs ainsi qu’on ajoute aux règles du cadre de l’art-thérapie une règle spécifique : le droit de retrait. Le droit de ne pas participer au jeu, s’il nous paraît impossible d’y être. Évidemment, un patient ne peut pas passer son temps dans le retrait, mais il a droit, à un moment, de s’extraire du jeu, parce qu’il ne s’extrait pas alors de l’atelier : devenant spectateur aux côtés de l’art-thérapeute, il permet au jeu théâtral d’exister, il permet aux autres patients de jouer. Et il tirera lui-même profit de ce qui est joué.
Une séance de dramathérapie, c’est un voyage pour le patient. A partir de ce qu’il apporte dans l’atelier, et qui peut être dit, verbalement ou pas, en début de séance, l’art-thérapeute lui propose un parcours à travers les trois temps de la séance pour lui permettre de s’exprimer.
D’autres règles spécifiques s’appliquent à la dramathérapie, sans forcément être utilisées dans les autres médiations : on ne peut dénommer un personnage du nom d’un participant au groupe, présent ou absent, pour éviter les confusions et les comparaisons ; on rend aussi impossible dans les improvisations le contact entre patients, pour éviter les débordements et assurer à chacun une sécurité de jeu.
En dramathérapie, le jeu exprimera ce qu’il a à exprimer. Le travail du thérapeute est d’aider à permettre le jeu d’arriver.
Au théâtre, on joue. Et en art-thérapie, on essaie de s’exprimer par le jeu, par la création artistique. Les deux étaient faits pour s’entendre ! Mais jouer a plusieurs sens : en mécanique, avoir du jeu peut exprimer à la fois la bonne marche ou la défaillance. En dramathérapie, le jeu exprimera ce qu’il a à exprimer. Le travail du thérapeute est d’aider à permettre le jeu d’arriver.
Après un temps d’accueil, l’atelier de dramathérapie s’organise en trois séquences : une relaxation pour débuter, et pour permettre aux patients de se retrouver avec lui-même, et d’aborder la suite dans le calme. Puis un temps d’exercices, de jeu théâtraux, qui préparent à libérer une expression qui vient dans un troisième temps, lors d’improvisations. C’est ce moment qui est particulièrement recherché, c’est là que sera exprimé ce qui doit l’être. Mais la relaxation et les exercices y amènent.
Une séance de dramathérapie, c’est un voyage pour le patient. A partir de ce qu’il apporte dans l’atelier, et qui peut être dit, verbalement ou pas, en début de séance, l’art-thérapeute lui propose un parcours à travers les trois temps de la séance pour lui permettre de s’exprimer.
Pourtant, le thérapeute est bien toujours là, il assure la stabilité du cadre qui permet l’expression au patient. C’est un équilibre à trouver en permanence, entre expression libre et dirigée, pour permettre à chacun de trouver sa place.
Le phénomène de groupe est important en médiation théâtre. Souvent, il se crée une dynamique entre les patients, et c’est au thérapeute de la laisser vivre. Dans une séance, s’il est très présent au début, pour animer (au sens propre de donner la vie) le groupe, il peut s’effacer au fur et à mesure, et laisser la place aux patients pendant les temps d’improvisation. Les consignes données sont de moins en moins nombreuses. Pourtant, le thérapeute est bien toujours là, il assure la stabilité du cadre qui permet l’expression au patient. C’est un équilibre à trouver en permanence, entre expression libre et dirigée, pour permettre à chacun de trouver sa place.
Le théâtre classique était régi par la règle des trois unités : le temps, le lieu, l’action. Le cadre apporté par le thérapeute respecte ces trois unités : le temps est régulier, le lieu est constant, l’action est fixée. Place au jeu !
Cet article a été écrit en décembre 2018 par Grégory Renault,
dramathérapeute au centre des Petits Lutins de l’Art
et acteur dans la compagnie de théâtre Jeux de Vilains.